Roméo et Juliette au village

de Hans Trommer et Valerien Schmidely |
avec Margrit Winter, Erwin Kohlund, Johannes Steiner, etc.


«Le plus beau, le plus vrai de tous les films suisses, dont on n’a pas compris la portée hier et qui reste un phare aujourd’hui et pour demain.» Freddy Buache, fondateur de la Cinémathèque suisse, n’a jamais caché son enthousiasme pour ce film légendaire dont la réussite exceptionnelle semble avoir porter un coup aussi fatal que paradoxal à la carrière de ses deux co-auteurs. «Roméo et Juliette au village» constitue la deuxième nouvelle du recueil intitulé «Les gens de Seldwyla» publié en 1856 par Gottfried Keller (1819-1990). L’auteur de «Henri le Vert» y traitait un fait divers «paysan» en lui conférant une dimension shakespearienne étonnante. Chef-d’œuvre incompris, la transposition de Trommer (un graphiste allemand) et Schmidely (formé en URSS) provoque une polémique en Suisse (la Confédération refuse de sélectionner le film pour la Biennale de Venise 1942, invoquant sa lenteur et sa médiocrité). D’une beauté lumineuse, qui rappelle les œuvres des grands cinéastes nordiques de l’ère du Muet, «Roméo et Juliette au village» peut-il être mieux compris au jour d’aujourd’hui? La beauté pure, alliée à un tel souci d’authenticité (quasi documentaire), ne saurait nous laisser indifférents…
ROMEO UND JULIA AUF DEM DORFE, 1941, Suisse, noir et blanc, 1h43; programme n°97