Romances et cigarettes

Venise 05, en compétition
de John Turturro
avec Kate Winslet, Susan Sarandon, James Gandolfini, Christopher Walken, etc.


Comédien de grand talent, John Turturro a émergé dans les années 80, tournant pour des cinéastes aussi divers que Woody Allen, Martin Scorsese, Michael Cimino ou Robert Redford. Il est aussi devenu l’un des acteurs fétiches de Spike Lee qui l’a fait jouer dans huit de ses longs-métrages. Les frères Coen lui ont également réservé des rôles d’importance dont celui d’un scénariste halluciné dans «Barton Fink» (1991) qui lui vaut un Prix d’interprétation à Cannes. L’année d’après, Turturro passe à la réalisation avec «Mac». Cette évocation de la vie de son père qui travaillait sur les chantiers séduit le jury cannois qui lui décerne la Caméra d’Or octroyée au meilleur premier long-métrage.

En 2001, Turturro en signe un second tout aussi réussi, «Illuminata», qui raille l’ego surdimensionné des acteurs de théâtre new-yorkais. Produit par les frères Coen, «Romance et cigarettes» constitue sans doute son film le plus culotté, une manière de comédie musicale «prolo» délirante dont le côté sombre tranche sur les œuvres habituelles du genre… Débarqué de la série «Sopranos», James Gandolfini se commet très agréablement avec une prostituée jouée par Kate Winslet. Cet adultère répété met en ébullition le cercle familial qui l’exhorte à choisir entre sa «putain» et sa femme (Susan Sarandon) qui chante divinement bien à l’église. Au final, le mari volage sera sauvé par un cancer des poumons providentiel… Grossier, éclaté et très peu politiquement correct, «Romance et cigarettes» est sans conteste l’un des films indépendants les plus déconcertants du moment!
ROMANCE AND CIGARETTES, 2005, Etats-Unis, couleur, 1h55, programme n°143