Riff-Raff

de Ken Loach |
avec Robert Carlyle, Emer McCourt, Jimmy Coleman, David Finch, etc.


Sujet frondeur (et marxiste) de sa Majesté, le Britannique Ken Loach (né en 1936) est sans doute le cinéaste qui a le mieux saisi les contradictions du libéralisme en décrivant – avec l’humour acéré qui le caractérise – sur le terrain les effets dévastateurs du “credo” proféré dans les hautes sphères du pouvoir économique. Tourné en 1991, “Riff-Raff” constitue toujours à notre sens le meilleur film de l’auteur du récent “Navigators”, celui où il réussit à faire parfaitement l’équilibre entre l’exigence éthique du réalisme et la nécessité impérieuse du pamphlet… Stevie (Robert Carlyle dans le rôle qui l’aura révélé) est un ex-taulard, un “riff-raff” comme disent les “gens biens” en Angleterre (une onomatopée qui évoque le son des portes de la prison qu’il vient de quitter). Engagé sur un chantier triomphant de la capitale londonienne, Stevie partage la dure existence des ouvriers du bâtiment œuvrant sous l’ère Thatcher. Suite à un banal accident (dû à la cadence de travail imposé par des contremaîtres impavides), il prendra la décision qui s’impose… Ironie du désespoir, si une expression convient pour définir l’origine du comique “loachien”, c’est bien celle-là! Devant une caméra toujours judicieuse, laissés-pour-compte et déclassés magnifiques forcent le respect du seul spectateur, hélas…
1991, Grande-Bretagne, couleur, 1h36; programme n°103