Ricky

Berlin 09, en compétition
de François Ozon
avec Alexandra Lamy, Sergi López, Mélusine Mayance, Arthur Peyret, etc.


Après avoir tourné «Angel» en Angleterre, François Ozon est revenu en France pour un film extraordinaire! A mi-chemin entre drame familial et cinéma fantastique, «Ricky» est adapté d’une nouvelle de la romancière anglaise Rose Tremain, intitulée en français «Léger comme l’air» et «Moth» en anglais – ce qui fait référence à ces insectes ou papillons de nuit attirés par la lumière… Abandonnée par son mari, Katie élève seule sa fille dans la Cité des Œillets et travaille à la chaîne dans une usine de produits chimiques. Un jour, elle rencontre Paco. De leur union naît Ricky, un bébé pour le moins surprenant. L’arrivée du nouveau-né bouleverse l’équilibre de la famille recomposée. «Ricky» aborde ainsi les disputes d’un couple, la jalousie d’une grande sœur et celle d’un père (qui mangent tous deux du poulet de façon cannibale).

Tout en pudeur, le film observe également la liaison quasi physiologique entre une mère et son enfant, et suit l’épanouissement difficile de cette femme prolétaire prise dans une vie sociale et familiale chaotiques. Soudain, voici que Ricky, qui ne marche pas encore, se retrouve miraculeusement au-dessus d’une armoire! L’humour de Ozon fonctionne alors à plein tube pour rendre le fantastique vraisemblable et multiplier les lectures potentielles. Le cinéaste livre ainsi une métaphore merveilleuse et plurielle, où l’atmosphère évolue lentement de la grisaille à la blancheur, où même la banlieue devient photogénique. Multipliant des ellipses très fortes et débutant sur un flash-forward génial qui maintient le spectateur dans l’attente tout au long du film, «Ricky» en désarçonnera plus d’un. Une nouvelle réussite de maître Ozon!
France / Italie, 2009, couleur, 1h30, programme n°154