Ready Player One

Après avoir revisité la guerre de Sécession dans «Lincoln», la guerre froide dans «Le pont des espions» et les mensonges d’Etat dans «Pentagon Papers», Steven Spielberg renoue avec la SF en mixant «Minority Report» et «Les goonies» dans une superproduction bourrée de références à la culture pop des années 1980. Alliant motion capture et images de synthèse, «Ready Player One» est un film high-tech pour les grands enfants, qui joue avec les frontières entre réalité et virtualité, sur fond de critique de la société consumériste à l’ère d’Internet.

En 2045, à Columbus dans l’Ohio, les gens vivent dans la misère de favelas décrépites. Pour s’extirper de leur quotidien, ils passent leur temps avec un oculus vissé sur la tête, afin de vivre avec leur avatar dans la réalité virtuelle d’Oasis, un jeu vidéo très addictif et vicieux. Un adolescent idéaliste prénommé Wade, alias Parzival dans le jeu, rencontre en ligne Samantha, alias Art3mis, une jeune fille prête à faire la révolution, car elle ne sait que trop bien la précarité et les tragédies que cause Oasis.

Avec des amis aux allures de super-héros, ils vont tenter de trouver les clés du jeu pour barrer la route à une multinationale qui veut le contrôler à des fins consuméristes. Pour cela, ils doivent pénétrer dans les souvenirs de l’autiste qui l’a créé: Halliday, alias Anorak, un vieux fan des années 1980, sorte d’avatar de Spielberg lui-même.

Adapté du roman de l’écrivain américain Ernest Cline, «Ready Player One» est truffé de références ludiques à la culture geek des années 1980 et au cinéma: de «King Kong» au «Géant de fer», en passant par «Retour vers le futur» ou «Akira», et même la maison de «Shining», les citations s’enchaînent avec autant de fluidité que les allers et retours entre la sombre réalité et l’univers virtuel. Visuellement ahurissant mais très kitsch, le film masque cependant ses invraisemblances derrière une avalanche de courses-poursuites et de combats hyperactifs.

Si le propos égratigne les géants d’Internet qui isolent et exploitent les gens au lieu de les rassembler, la critique n’en demeure pas moins consensuelle à l’heure des scandales liés à Facebook, par exemple. Une fois passé l’éblouissement sensoriel, le film ne fait donc pas grand-chose de neuf avec du vieux. «Her» de Spike Jonze était autrement visionnaire et novateur.

de Steven Spielberg
Etats-Unis, 2018, 2h20