Rafiki

Kena (Samantha Mugatsia) s’apprête à passer les examens d’entrée à l’université. Vivant dans le quartier pauvre de Kibera, elle croise un jour le regard de Ziki (Sheila Munyiva), une fille de son âge, qui semble s’être affranchie d’une société patriarcale qui fait peu de cas des femmes. Les deux lycéennes entreprennent un ballet de séduction mutuelle, sous-tendu par le désir, mais qui reste plutôt fleur bleue en public. Las, leur amour naissant va se heurter de plein fouet à un mur compact de préjugés érigé par une société profondément homophobe…

Formée en Californie, à la mythique UCLA, Wanuri Kahiu enrobe leur flirt de teintes pop acidulées trompeuses qui confèrent à l’idylle de ses deux protagonistes une allure féérique que le réel local, fort peu jouasse, va mettre littéralement en pièces… Premier film de l’histoire du cinéma kényan à avoir été sélectionné à Cannes, «Rafiki» («ami» ou «amie» en swahili) a été dans un premier temps interdit dans son pays d’origine qui considère que l’homosexualité est une maladie importée d’Occident! Dans la foulée, la réalisatrice a appris qu’elle encourait une peine de prison si elle s’exprimait à propos de son film.

Courageuse, Wanuri Kahiu n’as pas craint de porter l’affaire devant les tribunaux, lesquels ont autorisé la sortie du film durant une semaine, afin de lui permettre de concourir aux Oscars. Projeté entre le 23 et le 30 septembre dernier, «Rafiki» a fait salle comble au cinéma Prestige de Nairobi, pour le plus grand bonheur de ses deux jeunes actrices étonnantes de grâce.

de Wanuri Kahiu
Kenya, 2018, 1h22