Promising Young Woman

Connue pour son rôle de Camilla Parker Bowles dans «The Crown», scénariste de la série «Killing Eve» et écrivaine de romans horrifiques, Emerald Fennell réussit avec «Promising Young Woman» un premier long-métrage percutant. Récompensé de l’Oscar du meilleur scénario original, ce film carbure à l’humour noir comme au suspense… Cassie (Carey Mulligan) était promise à un brillant avenir de docteure, mais a abandonné tout à coup ses études de médecine. La trentaine approchant, elle vit chez ses parents, dans une confortable et kitchissime maison. Le jour, elle travaille comme serveuse, l’air impassible, dans un petit café-pâtisserie à la mode. La nuit, elle se change en vamp vulgaire et éméchée pour appâter les prédateurs masculins qui ne pensent pas à mal en profitant de la situation. Ils ignorent qu’ils ont affaire à une femme bien décidée à leur révéler leurs minables vices machistes et patriarcaux.

Osant la surprise à chaque séquence, Emerald Fennell se distancie du film de vengeance féminine façon Polanski, pour nous faire glisser sur la pente traumatique de son héroïne changeante, tour à tour sexy, machiavélique et touchante. Au gré des rencontres de Cassie avec des personnages qu’elle place face à leur médiocrité, la cinéaste sonde son passé sans jamais recourir au flash-back – ou de manière indirecte, par le biais d’un hors-champ d’autant plus violent. Tout en restant très crédible dans son rôle de femme authentique, lucide et implacable, Carey Mulligan réussit le tour de force de changer d’émotion et de personnalité d’une seconde à l’autre. En résulte un film inclassable, oscillant entre satire et thriller, qui révèle les mécanismes insidieux présidant au machisme ordinaire comme à l’impunité en matière d’agressions sexuelles.

de Emerald Fennell
USA, 2020, 1h54