Police

A voir jeudi 28 juillet 2016 à 13h35 sur Arte |

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Disparu en 2003, Maurice Pialat est sans conteste l’un des réalisateurs français les plus importants de l’histoire récente du cinéma. Filmant à fleur de peau (le feuilleton «La Maison des Bois») ou à vif («L’Enfance nue»), le réalisateur du sublime et vachard «Nous ne vieillirons pas ensemble» apparaît aujourd’hui comme l’un des rares et véritables continuateurs du courant naturaliste initié par Einrich Von Stroheim, dès 1919.

Tourné deux ans après «A nos amours», son premier vrai succès public, «Police» (1985) se déroule pour sa plus grande partie dans un commissariat de quartier. Défenseur de l’ordre doutant de sa vocation, l’inspecteur Mangin (Gérard Depardieu) et ses équipiers s’efforcent de démanteler un réseau de trafiquants de drogue dirigé par les frères Slimane. Au cours de son enquête, il devient l’amant de Noria (Sophie Marceau), la maîtresse de Simon Slimane…

Comme l’a si bien décrit le critique Serge Daney, le futur réalisateur de «Van Gogh» accorde au corps le premier rôle, lui conférant une énergie brute, incontrôlable, qui transforme l’étape du tournage en une épreuve convulsive, pleine de bruit et de fureur où tout devient possible… C’est sans doute pour cette raison que Pialat a considéré Gérard Depardieu comme son acteur fétiche, faisant de sa masse physique un véritable cyclone, aspirant dans son «œil» narration et protagonistes…

L’acteur disparaît et avec lui son personnage. Ne subsiste plus qu’une présence purement énergétique, souvent autodestructrice, qui plie l’histoire à son gré, entraînant le spectateur qui y consent dans des directions complètement inattendues. De ce point de vue, «Police», faux polar à la française, reste exemplaire.

de Maurice Pialat
France, 1985, 1h53