Pietá

A voir jeudi 14 mai 2015 à 01h10 sur Arte |

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Né en 1960, le Sud-Coréen Kim Ki-duk est un cinéaste au parcours pour le moins atypique. Après avoir passé cinq ans dans les «Marines» en Corée, il part à Paris étudier la peinture. Revenu à Séoul, il s’intéresse au cinéma, mais en autodidacte. En 1996, il réalise son premier film, «Le crocodile», qui possède déjà ce ton à la fois ironique et lyrique qui va caractériser toute l’œuvre à venir. Les films de Kim Ki-duk frappent à chaque fois par leur extraordinaire singularité. Comme en témoignent «Les Locataires» ou «L’Arc», l’amour, voire la passion, est toujours au cœur de son œuvre, ce qui n’empêche pas cet auteur très prolifique de se renouveler sans cesse.

Après une longue absence due à une dépression, le cinéaste revenait en 2011 avec «Arirang», un autoportrait documentaire sombre et paranoïaque suivi, deux ans plus tard, de «Pietà», Lion d’or à Venise. Après s’être attaché au bouddhisme dans «Printemps, été, automne, hiver… et printemps», Kim Ki-duk détourne les symboles de la chrétienté pour brosser le portrait d’une société coréenne prise dans le tourbillon pervers du déterminisme social. Abandonné à sa naissance, Lee Kang-do est complétement dénué d’empathie et gagne sa vie en torturant de pauvres individus qui ne sont plus en mesure de rembourser leurs dettes. Un jour, une femme prétendant être sa mère lui rend visite. Pour Kang-do, c’est le début d’un long questionnement existentiel…

Récit éclaté, mutilations, inceste, suicide et violence… «Pietà» décrit une grande société malade, faite de martyrs, de bourreaux et de psychopathes. Pourtant, au cœur de ces décombres économiques et sociaux, Kim Ki-duk parvient à faire naître une aura indescriptible, une poésie délirante, qui temporisent la monstruosité du sujet. Destiné à un public averti.

de Kim Ki-duk
Corée du Sud, 2012, 1h44