Personne ne m’aime

de Marion Vernoux |
avec Bernadette Lafont, Bulle Ogier, Lio, Michèle Laroque, Maaike Jansen, Jean-Pierre Léaud, André Marcon, Yann Collette, Claude Muret, etc.

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    Jeune parisienne née en 1967, Marion Vernoux signe ici un premier long métrage remarqué, après quelques scénarios, courts métrages et téléfilms. Citant volontiers Cassavetes, Aldrich et Eustache en référence, n’aimant rien tant que le corps à corps avec les acteurs (et actrices), Marion Vernoux se préoccupe avant tout d’aborder le thème difficile de l’affectif (féminin en particulier) dans tous ses méandres, dans toute sa brutalité, loin du «bon chic bon genre parisien» qu’elle déteste.

    «Personne ne m’aime» met ainsi aux prises quatre femmes empêtrées dans leurs existences respectives: Annie (Bernadette Lafont), quinquagénaire abandonnée par son dernier amant en date; sa soeur Françoise (Bulle Ogier), épouse trompée qu’obsèdent liftings et régimes draconiens; Cri-Cri (Michèle Laroque), patronne d’hôtel excédée, prête à larguer les amarres; et Dizou (Maaike Jansen), femme de chambre et mère de onze enfants, hantée par le désir de voir la mer. Ces quatre femmes qui n’ont pas vraiment de raison de se rencontrer, mais ont en commun des déceptions sentimentales et une revanche à prendre sur les hommes, vont partir ensemble dans un camping car, aux trousses d’un mari volage (Jean-Pierre Léaud) et de sa fille (Lio).

    Grâce à un quatuor d’actrices formidables, la cinéaste a voulu «montrer des visages de femmes dans tous leurs états, séduites et abandonnées, hilares ou effondrées, naïves ou rodées»; c’est à dire révéler ce que chaque être veut cacher de lui-même. Ainsi, à travers cette virée tragi-comique qui ressemble parfois à une version féminine du «Husbands» de Cassavetes, Marion Vernoux réussit une belle leçon d’émancipation féminine.

    France, 1994, couleur, 1h45; programme n°35