Parasite

Après «Okja», film de monstre révélateur d’un monde barbare, le réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho livre une observation virtuose et corrosive de la violence sociale dans «Parasite», récompensé de la Palme d’or à Cannes… A Séoul, Ki-taek habite dans un sous-sol décrépit avec sa grande sœur et ses parents au chômage. Maîtres dans l’art de la débrouille, ils survivent en assemblant des cartons à pizza. Un jour, le jeune homme a l’aubaine de devenir prof d’anglais privé pour la fille des Park, une richissime famille des beaux quartiers. Malin, Ki-taek trouve aussitôt le moyen de les duper. Débute alors un récit en cascade et dégringolade!

Réunissant ses familles riches et pauvres, Bong Joon-ho nous propose une satire des extrémités de la pyramide sociale, qu’il croque avec une ironie jubilatoire, avant de creuser profondément l’épaisseur de son histoire et d’instiller le doute chez le spectateur acquis à la cause des démunis. Si ce n’est dans les dénouements, pour la plupart attendus puisque relatifs au cinéma de genre, c’est dans les détails que le cinéaste multiplie les surprises, à la faveur d’une mise en scène rythmée et d’une grande maîtrise des espaces, jusqu’à ce que la comédie ne tourne au thriller tendu.

Et «Parasite» d’écorcher non seulement la société de classes avec le regard sans concession d’un Chabrol, dont Joon-ho se revendique, mais aussi la Corée divisée avec une ambiguïté fascinante, pour s’imposer au final comme la puissante métaphore d’une communauté condamnée à agir en coupable.

de Bong Joon-ho
Corée du Sud, 2019, 2h12