Nos funérailles

de Abel Ferrara |
avec Christopher Walken, Chris Penn, Annabella Sciora, Vincent Gallo, Isabella Rossellini, etc.


Dans les années trente, une famille liée au milieu de la mafia est en deuil. Johnny (Vincent Gallo), le frère cadet, a été tué en pleine rue. Le temps de la veillée funèbre, ses deux frères, Ray (Chistopher Walken) et Chez (Chris Penn), s’efforcent d’identifier l’auteur du forfait — à l’image de Hawks dans «Le grand sommeil», les péripéties de cette enquête n’intéressent pas Ferrara, à voir la manière dont il liquide le problème. L’argument policier (le fameux «whodunit») lui permet toutefois d’entrer dans l’intimité des relations complexes existant entre les trois frères et qui sont à l’image des conditions ambigus à l’origine du «miracle américain» — avec sa «sainte trinité» formée de l’Eglise, de la Politique et du Milieu. Cinéaste imprévisible dans sa mise en scène (c’est ce qui le rend si passionnant malgré ses «débordements»), Ferrara mêle passé et présent (par le biais d’enchaînements fulgurants) où ce sont les coups des feux qui, symboliquement, assurent la continuité. Ce faisant, il met en pièce le territoire jadis identifiable du film noir — commençant dans une salle de cinéma où on projette un classique avec Humphrey Bogart, le film s’achève sur une image complètement noire, qui nous donne le point de vue ultime du cadavre sur lequel on referme le cercueil (et le récit).
THE FUNERAL, USA, 1996, couleur, 1h39; programme n°77