Neruda

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A 39 ans, Pablo Larraín a déjà six longs-métrages de fiction à son actif, dont une remarquable trilogie sur la dictature de Pinochet («Tony Manero», «Santiago 73, post Mortem» et «No»). Après les prêtres pédophiles de «El Club», un film hélas resté inédit en Suisse, il nous revient aujourd’hui avec le formidable «Neruda», en attendant son biopic sur Jackie Kennedy (sortie le 1er février).

Avec un talent féroce, le cinéaste chilien Pablo Larraín persiste et signe dans son entreprise de laminage des mythes de son pays. Toujours plus iconoclaste, il s’attaque cette fois à Pablo Neruda, gloire nationale s’il en est, réussissant l’exploit de le faire chuter de son piédestal sans attenter à son génie poétique.

En 1948, Neruda (joué de façon magistrale par Luis Gnecco), intellectuel jouisseur menant grand train de vie et soi-disant défenseur du peuple, doit prendre la fuite suite à la mise hors-la-loi du parti communiste par le président chilien de l’époque. Ce dernier charge le commissaire Peluchonneau (Gael García Bernal) de l’arrêter…

Avec malice, Neruda va alors mener par le bout du nez ce «sale type» qui rêve de se faire le grand poète. Par le biais d’une mise en scène flirtant avec le fantastique, Larraín plonge peu à peu le spectateur dans une incertitude fascinante, au point que l’on se demande bientôt si l’existence même du policier ne procède pas d’un fantasme de persécution de haute volée… Borges aurait adoré!

de Pablo Larraín
Chili/Argentine/France/Espagne, 2016, 1h48