Nelly et Monsieur Arnaud

A voir jeudi 20 avril 2017 à 13h35 sur Arte |

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Peintre génial de la bonne comme de la «mauvaise» société française, Sautet a élaboré un concept de mise en scène en adéquation parfaite avec son sujet, neutre, quasi atonal, rendant à la perfection le conformisme de ses protagonistes en proie au désenchantement. Avec un peu d’attention, le spectateur perçoit pourtant au-delà de la surface lisse des choses et des personnages comme une indignation qui couve mais ne prend jamais.

C’est que, chez Sautet, la simplicité n’est jamais aussi «simple» qu’elle en a l’air! Cet «oiseau qui chante dans son arbre généalogique» (pour reprendre un mot de Cocteau) a notamment livré cinq grands films de la décennie septante — «Les Choses de la vie» (1970), «Max et les ferrailleurs» (1971), «César et Rosalie» (1972), «Vincent, François, Paul et les autres» (1974) et «Mado» en 1976. Mais à l’aube des années 1990, c’est un vent de renouveau qui souffle sur la planète «Sautet». Le cinéaste tourne une page de sa carrière en changeant d’acteurs et d’équipe technique et, après «Un cœur en hiver» (1991), collabore une deuxième fois avec Emmanuelle Béart à l’occasion de son dernier film, «Nelly et Monsieur Arnaud».

N’arrivant plus à joindre les deux bouts, Nelly (Emmanuelle Béart) accepte de dactylographier les mémoires de Pierre Arnaud (Michel Serrault), un riche avocat à la retraite. Petit à petit, la jeune femme et le vieil homme passent de plus en plus de temps ensemble et Nelly finit par quitter Jérôme, son époux…

A la fureur de vivre de la belle et jeune Nelly, Claude Sautet oppose le calme mortifère de Monsieur Arnaud. Dès lors, la mission de ces personnages consiste à (re)trouver sa place dans la société et par là, à confronter leurs antagonismes pour atteindre une forme de sérénité. Prix Louis Delluc et César du meilleur réalisateur, «Nelly et Monsieur Arnaud» est aussi bien l’histoire d’une relation platonique très subtile qu’une œuvre crépusculaire, presque testamentaire, dans laquelle Monsieur Arnaud fait office d’alter ego fictif à Claude Sautet, alors en fin de carrière.

de Claude Sautet
France / Italie / Allemagne, 1995, 1h46