Moscou aller simple!

Présenté en ouverture des Journées de Soleure et nominé pour le Prix du cinéma suisse, «Moskau Einfach!» (titre original) est le fruit d’une expérience personnelle et du zêle des autorités helvétiques. En 1987, Micha Lewinsky, 15 ans, prépare un exposé sur le Transsibérien et, pour se documenter, lance un coup de fil à l’ambassade de l’URSS. Il y a un peu de friture sur la ligne, mais le futur scénariste et réalisateur est loin de se douter qu’il est sur écoute et désormais fiché. En 1989, le scandale est révélé: 900’000 personnes ont fait l’objet d’une surveillance.

Bien inspiré par ce passé historique révélateur, le cinéaste nous en livre la version comique et romancée à travers l’histoire d’un jeune inspecteur interprété par Philippe Graber, son acteur fétiche depuis «Der Freund». A la police zurichoise, Viktor Schuler enquête sur les artistes du Schauspielhaus, des adeptes de Max Frisch qui font craindre le pire. Tandis qu’ils répètent «La nuit des rois» de Shakespeare, Viktor est désigné pour s’introduire incognito dans la troupe. Mais l’expérience théâtrale ébranle ses certitudes… Faussement naïve, la trame permet à Lewinsky de revisiter non seulement l’absurdité des fiches, mais aussi la chute du mur de Berlin, l’affaire Kopp ou la première votation pour une Suisse sans armée. Dans ce contexte, l’autodérision fonctionne à merveille lorsqu’elle raille la «suissitude» d’antan ou le monde numérique actuel.

Moskau einfach!
de Micha Lewinsky
Suisse, 2020, 1h39