Moonlight

A voir en DVD !

En trois tranches de vie, Barry Jenkins raconte l’histoire d’un jeune Afro-Américain homosexuel dans un quartier de la drogue à Miami et reçoit l’Oscar mérité du meilleur film.

Né en Floride, le réalisateur Noir américain Barry Jenkins a perdu son père à l’âge de douze ans et a été élevé par une autre mère que la sienne. Formé au cinéma à la FSU (Florida State University), il s’est fait remarquer en 2008 avec un premier long-métrage à petit budget, «Medecine for Melancholy», l’histoire d’une rencontre d’un soir entre deux jeunes Afro-Américains. Scénariste, le cinéaste a ensuite écrit quelques épisodes de «The Leftlovers», une série fantastique où les gens disparaissent sans explication.

Avec «Moonlight», qu’il a tiré d’une pièce de théâtre autobiographique signée Tarell Alvin McCraney et sans doute en partie de sa propre enfance, Barry Jenkins a réussi un récit d’émancipation moderne et sensible… Dans une banlieue déclassée de Miami, Chiron, un jeune Afro-Américain chétif et mutique, a du mal à trouver sa place au milieu de ses pairs qui le martyrisent. Composant avec l’addiction de sa mère, il traverse une adolescence difficile, qui s’adoucit en de rares occasions, aux côtés de son ami Kevin ou d’un couple de dealers de crack chez lequel il trouve refuge. Bien plus tard, après un passage en prison, Chiron semble radicalement transformé.

Découpé en trois chapitres sur l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte, séparés par des ellipses d’une parfaite maîtrise qui poussent le spectateur à imaginer tout ce qu’a pu vivre Chiron entre-temps, «Moonlight» décrit l’éclosion d’un homme endurci par le milieu dans lequel il évolue, au point de renoncer à vivre son homosexualité. Cette transformation, Barry Jenkins la filme avec la même retenue qui contient son personnage, atteignant une justesse rare et une sensibilité à fleur de peau, que ses trois interprètes, différents à chaque âge de la vie, font tour à tour rayonner.

Jouant avec les couleurs et quelques ralentis ou arrêts sur image, le réalisateur manipule avec une grande audace les composantes de la durée cinématographique, élaborant une forme de récit dont le rythme traduit le bouillonnement intérieur et les pulsions de son personnage. Ce faisant, le film évite le cliché du délinquant en chute libre pour montrer la renaissance d’un être, d’une identité, à rebours de tout déterminisme social.

STUDIOCANAL