Mon Oncle

Prix Spécial du Jury Cannes 1958 | Oscar du meilleur film étranger 1959 |
de Jacques Tati |
avec J. Tati, Jean-Pierre Zola, Adrienne Servantie, etc.


Le Hulot de Jacques Tati n’a rien à voir avec le Charlot de Chaplin. Question d’époque! À peine a-t-il créé son personnage soi-disant fétiche que Tati le confronte à une modernité incompréhensible qui va avoir raison de lui… Comme toujours, l’argument du troisième long-métrage de l’auteur de «Jour de fête» ne pèse (volontairement) pas lourd… Hulot qui habite une pittoresque maison d’un vieux quartier populaire vient de temps en temps distraire son neveu qui s’ennuie dans la villa ultra-moderne de ses parents, les inoubliables Monsieur et Madame Arpel. Derechef, et plus que jamais, les descriptions sonores et visuelles prennent le pas sur l’action. La confrontation entre l’ancien et le nouveau tourne à la déroute pathétique pour notre héros qui ne réussira jamais à adapter sa carcasse aux facéties de la demeure «design» des Arpel «où tout communique». Ici, pas moyen de trouver le moindre objet qui, au prix de quelque détournement, devienne son allié – à l’image de la fameuse raquette de tennis des «Vacances…»! Le sort de Hulot est d’autant plus être réglé qu’on veut le contraindre à travailler, lui le champion des activités non productives! Avec une ironie massacrante (l’inénarrable poisson-fontaine) et prophétique, Tati montre dans «Mon oncle» comment la petite bourgeoisie a fait des créations de l’avant-garde de simples produits de consommation. Cette ironie ne fut pas manifeste pour tout le monde, puisqu’un admirateur de la maison invivable des Arpel s’est dépêché d’en faire construire une à l’identique (celle-ci est toujours habitée).
1958, France / Italie, 1h52, couleur, programme n°108