de Peter Greenaway |
avec Anthony Higgins, Janet Suzman, Anne Louise Lambert, etc.
1982: Peter Greenaway, solidement arrimé à son barda expérimental, tente une première percée sur le territoire narratif traditionnel; rusant, il camoufle ses menées subversives en empruntant au meilleur Hitchcock… En résulte ce film, à nul autre pareil, qui, magistralement, se joue de notre désir de spectateur — de «regardeur», comme dirait Marcel Duchamp — tout en procurant, c’est là son mystère, une jouissance vraiment peu commune.
En premier lieu, gardons en tête le titre original, ce «Contrat du dessinateur» diantrement plus significatif! Vers la fin du 17ème siècle, Mr Neville, dessinateur de son métier, passe un accord singulier avec Mrs Herbert: en l’absence de son mari, il exécutera treize dessins représentant les extérieurs de la propriété de sa commanditaire; en échange, Mrs Herbert lui laissera la libre jouissance de son corps.
Avec un sens aigu de la déconstruction, Greenaway inverse peu à peu ce rapport de pouvoir: croquant dessin sur dessin, Mr Neville fait ainsi apparaître les indices d’un acte jurant sur le romantisme du lieu… des indices qu’il interprète toutefois avec une trop grande assurance! ce désir d’en découdre avec le mystère le mènera, et nous avec, à sa perte.
THE DRAUGHTSMAN’S CONTRACT, Grande-Bretagne, 1982, 1h50, couleur; programme n°7
