Même la pluie


Après «Fleurs d’un autre monde» (1999), sur la survie du monde rural, et «Ne dis rien» (2003), réquisitoire exemplaire dénonçant les violences faites aux femmes, la cinéaste espagnole Icíar Bollaín prend la défense des peuples dits indigènes avec une rare intelligence. Fruit d’une collaboration avec Paul Laverty, le scénariste de Ken Loach, «Même la pluie» raconte le tournage d’un film censé évoquer les figures historiques de Las Casas et Montesinos, deux dominicains qui s’élevèrent contre l’asservissement et le massacre des autochtones perpétrés par les conquistadors. Pour des raisons d’économie, le producteur du film a contraint Sebastian (Gael García Bernal), réalisateur persuadé de son génie, de transposer les Caraïbes originelles en Bolivie, dans la campagne verdoyante qui jouxte Cochabamba, grande cité percluse de misère. Comme figurants, les indiens quechuas feront l’affaire, même si ceux-ci ne ressemblent guère à leurs semblables des Caraïbes. Mais le réel ne va pas tarder à rattraper la soi-disant vérité historique… Une méditation cinglante d’ironie qui épingle les illusions de la décolonisation.

TAMBIEN LA LLUVIA
de Icíar Bollaín
Espagne / Bolivie, 2010, couleur, 1h43

à La Chaux-de-Fonds