Lumière silencieuse

Cannes 07, Prix du Jury
de Carlos Reygadas
avec Cornelio Wall, Miriam Toews, Maria Pankratz, Peter Wall, etc.


De l’avis général de la critique, le troisième long-métrage du cinéaste mexicain Carlos Reygadas a été l’un des grands émerveillements d’une dernière édition cannoise pourtant très relevée. Plus apaisé que «Japón» (2002), moins baroque que «Battala en el cielo» (2006), «Lumière silencieuse» commence à l’aube et finit sur un coucher de soleil. Dans l’intervalle, Reygadas aura capté un véritable moment de grâce… Exaltées par un usage lyrique du scope, les premières images donnent le ton: sur les terres brûlées de l’Etat de Chihuahua, des femmes, des hommes et des enfants blonds aux yeux bleus s’activent dans les champs. Ce sont des mennonites, adeptes de la doctrine de Menno Simons (1496-1561), protestant dissident qui prônait un pacifisme intégral.

Emigrés au Mexique depuis 1922, ils parlent entre eux en «Plautdietsch», un dialecte mi-allemand mi-flamand, mais conversent avec les Mexicains en espagnol… En contradiction avec la loi de son Dieu et celle des hommes, Johan, pourtant marié et père de famille, tombe amoureux d’une autre femme. Il souffre d’avoir son cœur partagé, mais, sincère, n’en fait jamais mystère. Son épouse en vient à se laisser mourir… Du mode de vie immuable des mennonites, le cinéaste fait un véritable archétype de l’existence, conférant à son récit la dimension du conte. Remake étourdissant de «Ordet» (1955), «Lumière silencieuse» éblouit littéralement le spectateur qui y consent!
STELLET LICHT (SILENT LIGHT), Mexique / France / Pays-Bas, 2007, 2h22, programme n°145