Libre

Courant 2015, en réponse à l’ampleur de la crise migratoire en Europe, les contrôles s’intensifient à la frontière franco-italienne et des milliers de migrants se retrouvent bloqués en Italie. Le 6 juillet 2018, en France, le Conseil constitutionnel institue pourtant «le principe de fraternité». Cette décision historique stipule que l’aide donnée à un migrant en situation irrégulière ne sera plus punie par la loi.

Documentaire militant réalisé caméra au poing, dans un présent à vif et sans moyens, «Libre» s’attache aux pas exemplaires de Cédric Herrou, un agriculteur qui vient en aide aux migrants et a le courage de se dresser contre l’appareil d’Etat oublieux de sa décision. Pendant deux ans, le réalisateur Michel Toesca, ami de Herrou, a suivi l’action des habitants de la vallée de la Roya qui ont accueilli des réfugiés passant d’Italie en France pour déposer une demande d’asile dans un pays peu concerné en la circonstance par les droits de l’homme dont il a pourtant contribué de manière décisive à la création.

Emprisonné, enfariné par des militants d’extrême droite, Herrou persiste à se montrer exemplaire, se substituant à l’Etat français particulièrement défaillant en matière de politique d’accueil des «damnés de la terre», accomplissant au sens le plus noble du terme son simple devoir d’être humain. Même s’il se montre parfois un brin trop exalté dans l’héroïsation de ses protagonistes, «Libre» n’en constitue pas moins une piqure de rappel salutaire, histoire d’essayer de nous guérir de notre cécité assourdissante face à une crise migratoire sans précédent.

de Cédric Herrou
France, 2018, 1h40