L’Homme sans passé

A voir lundi 3 avril 2017 à 13h30 sur Arte |

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Deuxième volet de sa trilogie des perdants, «L’Homme sans passé» (2002) est sans doute l’œuvre la plus achevée du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki, l’un des rares cinéastes à perpétuer encore l’indignation chaplinesque devant le scandale de l’injustice sociale érigée en système d’extermination tranquille.

La trame du film est d’une simplicité quasiment biblique, une histoire de résurrection ordinaire qui donne à un homme la possibilité de vivre une seconde vie. Jamais la foi, l’espoir et l’amour du prochain n’ont vibré de cette manière au cœur du cinéma contemporain, au point que l’on ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer! Auréolé de couleurs sublimement contrapuntiques, l’homme sans passé profite de son amnésie passagère pour atteindre en compagnie de ses pairs déshérités à une complétude impressionnante qui nous fait douter de son existence: la dignité et l’amour triomphent de l’adversité avec une telle ampleur que l’on ne peut en être dupe!

Avec cette lenteur entêtée et silencieuse qui les caractérise, une manière de sainteté sarcastique, les survivants de Kaurismäki nous rappellent à notre devoir d’ingérence morale… «La réalité n’est pas morte, elle nous a juste abandonnés.»

Mies vailla menneisyyttä
de Aki Kaurismäki
France / Finlande / Allemagne, 2001, 1h37