L’Escale

Cannes 2013, Quinzaine des Réalisateurs | Dok Leipzig 2013, Colombe d’or Nouveau Talent |
Namur 2013, Prix spécial du Jury
de Kaveh Bakhtiari

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A l’appel de son cousin Mohsen, le cinéaste irano-suisse Kaveh Bakhtiari se rend à Athènes. Mohsen sort de prison où il a passé quatre mois pour être entré illégalement en Grèce depuis la Turquie. Il fait alors découvrir au cinéaste la «pension» d’Amir, une ancienne buanderie dont la seule fenêtre s’ouvre au ras du trottoir, où s’entassent sept migrants iraniens et une réfugiée arménienne dans l’expectative d’un prochain départ pour l’eldorado nord-européen… A leurs yeux, pendant un an, Bakhtiari va devenir «l’homme à la caméra», filmant leur quotidien fait d’attentes interminables, de tensions larvées, d’alertes anxiogènes, de blagues teintées de désespoir. A intervalles réguliers, l’un d’entre eux, conseillé par Amir, qui a vécu leur enfer, va tenter sa chance à l’aéroport. D’autres, découragés, finiront par rentrer au pays ou s’astreindront à des grèves de la faim inutiles parce que trop peu médiatisées… D’une violence rentrée inouïe, infligée par une société en faillite éthique qui n’a d’autre recours que celui de criminaliser la pauvreté et la tragédie, «L’Escale» devient peu à peu une chronique imparable de l’invisibilité forcée, laquelle culmine dans des scènes difficilement oubliables. A l’exemple de celle, si poignante, où nos clandestins en «escapade» sur une plage, prennent tour à tour dans leur bras la petite fille d’un passant grec qui y consent, histoire de renouer pendant quelques secondes avec une humanité allégée de tous ses miasmes…
Suisse / France, 2013, couleur, 1h40, programme n°187