Les Vacances de monsieur Hulot

A voir lundi 24 avril 2017 à 20h50 sur France 5 |

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«Jour de Fête» mit deux ans à trouver son public. Après s’être fait un peu attendre, le succès fut enfin au rendez-vous et permit à Jacques Tati d’aller de l’avant et d’inventer le personnage de monsieur Hulot qui existe avant tout par une posture: le dos est droit, mais le corps se penche dès les chevilles, au mépris des lois de la pesanteur. La nuque arrondie comme un oiseau (une hulotte?) accentue encore cette sensation d’une chute imminente. La pipe est là pour rendre inéluctable le mouvement vers l’avant. Les coudes plaqués vers l’arrière achèvent de nous l’impression que ce corps incarne le déséquilibre même et est donc fait pour déclencher les catastrophes – qu’il ne saurait dès lors se fondre dans le tableau serein des estivants de Saint-Marc-Sur-Mer.

Tout en continuant à refuser le dialogue pour échapper au piège de la comédie, Tati a accompli dans «Les Vacances de monsieur Hulot» (1953) sa deuxième révolution, visuelle cette fois, en instituant le recours systématique au plan large qui nous empêche de nous identifier aux personnages, nous contraint au contraire à nous en tenir au statut d’observateurs – avec des rires à la clef, si nous nous montrons à la hauteur. «Les Vacances de monsieur Hulot» demeure un pur chef-d’œuvre, parce que Tati ne franchit à aucun moment la barrière de la vraisemblance: aussi complexes soient-ils, tous les enchaînements obéissent toujours à une logique réaliste (qui culmine dans la scène du cimetière où la chambre à air de Hulot produit «un dernier soupir»). Plus jamais Tati ne s’autorisera un gag surréel comme celui du vélo baladeur de «Jour de Fête»…

de Jacques Tati
France, 1953, 1h23