A voir mercredi 23 août 2017 à 22h50 sur RTS Deux |
Solide artisan commis à la série B, Don Siegel (1912-1991) a surpris tout son monde avec «Les Proies» («The Beguiled», 1971), tourné un an après le presque burlesque «Sierra Torride». Portant à l’écran un scénario de Thomas Cullinan, diamantaire de son métier, qui adapte en la circonstance son propre roman, Siegel réalise non seulement son meilleur film, mais aussi l’une des œuvres parmi les marquantes du cinéma américain des années septante!
Vers la fin de la Guerre de Sécession, un soldat nordiste blessé est secouru par une adolescente qui vit dans un pensionnat de jeunes filles sudistes. Sauvé in extremis, le caporal McBurney (Clint Eastwood) devient un objet de convoitise amoureuse. Exposées à cette présence masculine, Martha Farnsworth (Geraldine Page), la directrice de l’établissement, son assistante Edwina (Elizabeth Hartman) et quelques jeunes pensionnaires commencent à se disputer ses faveurs. Non sans cynisme, McBurney manipule les unes et les autres, jusqu’au moment où il chute dans l’escalier et doit se faire amputer d’une jambe…
Huis clos d’un pessimisme fort peu hollywoodien, «Les Proies» frappe par son absence de manichéisme. Tous ses protagonistes sont marqués au sceau d’une ambiguïté passionnante: hommes ou femmes, ils sont renvoyés à leurs frustrations, à leur incomplétude morale, à l’instar de cette Guerre de Sécession qui ne fut pas seulement une guerre de libération soi-disant accomplie au nom des droits de l’homme… En résulte un grand film «malaise», empreint d’une violence rentrée impressionnante, à l’issue tragique pour le beau Clint qui trouve là l’un de ses rôles les plus antipathiques… A voir absolument!
The Beguiled
de Don Siegel
Etats-Unis, 1971, 1h45
