L’Empire de la passion

Prix de la Mise en scène, Cannes 1978 |
de Nagisa Oshima |
avec Takahiro Tamura, Kazuko Yoshiyuki, Masami Hasegawa, etc. |
musique de Tori Takemitsu


Vers 1895 (au temps de la restauration Meiji et de son obscurantisme crapuleux), la jeune Seki fait étrangler son vieux mari Gisaburo par son amant Toyoji. Hélas, le fantôme de Gisaburo vient hanter les deux meurtriers qui avouent leur forfait et sont exécutés… Réalisé deux ans après «L’empire des sens», le vingt-et-unième long-métrage d’Oshima constitue un complément admirable au film le plus attaqué de l’histoire du cinéma japonais. Sur le plan du scénario, les deux oeuvres sont certes très proches, car l’auteur de «La cérémonie» utilise à nouveau un fait divers qui montre un couple sacrifiant leur «giri» (obligations sociales) pour vivre éperdument leur «ninjo» (désirs individuels). Sur le plan de la mise en scène, ils diffèrent par contre du tout au tout. La partition de Tori Takemitsu (1930-1996), l’un des compositeurs les plus prestigieux de la musique contemporaine japonaise, y est pour beaucoup. Alliant des thèmes traditionnels à de subtils démarcages de la musique occidentale, Takemitsu exprime à merveille les contradictions d’une ère Meiji à la fois très réactionnaire et complètement perméable à l’idéal de progrès importé d’Occident.
AI NO BOREI, Japon, 1978, couleur, 1h48, programme n°121