Le Vent nous emportera

de Abbas Kiarostami |
avec Behzad Dourani et les gens du village de Siah Dareh


Il y a un trou creusé dans le cimetière du petit village. Une femme va bientôt mourir. Un étranger, qui se dit ethnologue, attend sa mort, dans l’espoir de filmer le rite funéraire qui l’intéresse. Le cimetière est son lieu de prédilection, car c’est le seul endroit où il capte les ondes qui lui permettent d’utiliser son téléphone portable. De temps à autre, il aperçoit un gosse qui traîne dans les parages; l’enfant croit aux trésors enfouis dans les tombes. Las, la femme tarde à mourir. Chacun trompe le temps comme il le peut, puis, en désespoir de cause, commence à s’interroger sur le sens de sa présence, ici et maintenant… Avec ces quelques simples éléments, l’Iranien Abbas Kiarostami réussit un pur chef-d’œuvre de cinéma éthique. Comme toujours chez Kiarostami, le film se joue entre la fiction et le documentaire, entre le scénario et l’imprévu: «Je ne crois pas à un cinéma qui ne donnerait au spectateur qu’une version de la réalité». Ce principe d’incertitude nous force à émettre des hypothèses, le cinéaste se gardant bien de nous donner les moyens d’une (fausse) maîtrise.
BAD MA RA KHABAD BORD, 1999, Iran, couleur, 1h48, programme n°118

Extrait: