Le Val Abraham

de Manoel de Oliveira |
avec Leonor Silveira, Cecile Sanz de Alba, Luis Miguel Cintra, Rui de Carvalho, Luis Lima Barreto, etc.


Ne ratez sous aucun prétexte ce pur chef-d’œuvre signé par le plus vieux des cinéastes en exercice (sans doute), mais dont la jeunesse de ton, extraordinaire, médusera le plus blasé des cinéphiles! Manoel de Oliveira est né en 1908 à Porto (Portugal); depuis 1929 jusqu’à ce jour, il a tourné quelque vingt-cinq films qui méditent parfois de manière fort malicieuse sur les fondements de l’art cinématographique. Parvenu au seuil de sa vie, Oliveira multiplie les tournages (six en moins de sept ans); cherchant sans relâche l’épure, une certaine «transparence», comme le firent en leurs temps Ozu et Dreyer. En transposant de nos jours et très librement Madame Bovary de Gustave Flaubert (roman clef de la littérature moderne paru en 1856), De Oliveira poursuit la même obsession que Flaubert: à savoir, comment, à la fois, épouser de l’intérieur l’exaltation de Emma (qui perd une lettre chez le cinéaste et devient Ema) et garder sa lucidité, en restant au dehors, en observateur? Avec l’aide d’une actrice sublime (Leonor Silveira), De Oliveira crée une mise en scène sidérante dans sa simplicité, qui résout son dilemme en renouant avec l’«enfance de l’art».
VALE ABRAÃO, Portugal / France / Suisse, 1993, couleurs, 3h07; programme n°55