Le Sel de la Terre

    A voir dimanche matin à Neuchâtel |

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      Réalisateur de fictions avant tout, Wim Wenders aime également émailler sa filmographie de documentaires sur des artistes qu’il admire, tels le cinéaste Yazujiro Ozu, le couturier Yohji Yamamoto, les musiciens vétérans du Buena Vista Social Club ou encore la chorégraphe Pina Bausch. Avec «Le Sel de la terre», le cinéaste allemand nous expose à l’œuvre intense du photographe brésilien Sebastião Salgado…

      La photographie, empreinte en suspens du réel, est-elle soluble dans le cinéma, art du mouvement? Avec grâce et sensibilité, Wim Wenders en fait la démonstration dans son trentième long-métrage, un documentaire consacré à Sebastião Salgado. Coréalisé avec le fils du photographe brésilien, «Le sel de la terre» ne se réduit de loin pas au feuilletage d’un album de photographies admirables, mais restitue une trajectoire inouïe, celle d’un artiste-témoin qui s’est aventuré au cœur des ténèbres de l’humanité, au risque de s’y perdre, avant de se réconcilier avec lui-même au contact de la seule nature.

      Photos à l’appui, dont on se demande bien comment elles ont pu susciter la polémique, Wenders retrace avec humilité cet itinéraire, en restant en retrait, laissant Salgado maître de son récit. Mines d’or grouillantes d’espoirs déçus, camps de réfugiés moribonds, guerres civiles mortifères, populations déplacées… Le spectateur refait alors le chemin intérieur du photographe, jusqu’à partager son apaisement devant les paysages indicibles d’un monde encore vierge de toute activité humaine!

      de Wim Wenders & Juliano Ribeiro Salgado
      Brésil / France / Italie, 2014, 1h50