Le Scaphandre et le papillon

Cannes 07, en compétition
de Julian Schnabel
avec Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner, Marie-Josée Croze, Anne Consigny, etc.


Le 8 septembre 1995, Jean-Dominique Bauby, rédacteur en chef du magazine «Elle» est victime d’un accident vasculaire cérébral qui le plonge dans un coma de plusieurs mois. Lorsqu’il revient à lui, il entend le médecin lui expliquer qu’il est atteint du «locked-in-syndrome». Comme enfermé à l’intérieur de lui-même, Bauby est entièrement paralysé, le corps enserré dans une sorte de scaphandre. Seule fonctionne encore sa paupière gauche qui va devenir son moyen de communication exclusif: un battement de paupière pour dire oui, deux pour dire non. En revanche, le cerveau est parfaitement intact, ce qui signifie que Bauby comprend et se souvient de tout, à l’instar de ce sentiment de culpabilité qui le taraude: six mois avant que son existence ne bascule, il a quitté sa femme et ses enfants, privilégiant sa carrière. Grâce à un système de langage établi par son orthophoniste, l’ex-journaliste va dicter, lettre par lettre, le récit de son enfermement…

Temps fort de la compétition cannoise, le troisième long-métrage du cinéaste et peintre (de renommée mondiale) new-yorkais Julian Schnabel a connu une gestation difficile qui exprime bien les réticences du Nouvel Hollywood vis-à-vis du cinéma d’auteur. Egérie de la société Dreamworks, Kathleen Kennedy a acheté dès 1997 les droits du «roman» de Bauby. Elle est aussitôt convaincue que seul un peintre pourra filmer son voyage intérieur et propose le film à Schnabel qui accepte sur-le-champ. Il écrit un premier scénario où il met déjà en place le dispositif de la voix off qui fait toute l’originalité du «Scaphandre et le papillon»: mis à part le spectateur, personne dans le film ne sait ce qui se passe dans la tête du protagoniste… Après la vente de Dreamworks à la Paramount, Universal reprend le projet, mais la Major s’en désintéresse rapidement, trop personnel! Le réalisateur de «Basquiat» va alors chercher en France les soutiens qui lui font défaut. Schnabel tire avantage de cet exil en tablant sur une distribution exclusivement francophone, dont Mathieu Amalric qui prête ses traits (et son œil) à Bauby de façon saisissante.
2007, France / Etats-Unis, couleur, 1h52, programme n°143