Le Quattro Volte

    Il est des films qui redonnent la sensation du «jamais vu». Le deuxième long-métrage du réalisateur du déjà ahurissant «Il Dono» (2003) appartient à cette sorte de chef-d’œuvres rarissimes qui nous réapprennent l’art de la vision… Un vieux berger meurt, sous le regard de ses chèvres qui ont envahi sa masure. L’une d’entre elles donne naissance à un chevreau. Le petit est sevré, puis s’égare du troupeau, avant d’agoniser de froid au pied d’un sapin majestueux. Des hommes viennent scier l’arbre à sa base et le transportent sur la place du village où, pendant un jour de fête, il fera office de mat de cocagne, avant de finir tronçonné chez un charbonnier. Tournant dans sa Calabre natale, Michelangelo Frammartino accorde ainsi une actualité stupéfiante au «rien ne se meurt, tout se transforme» du philosophe grec Pythagore qui vécut là au VIe siècle avant Jésus-Christ. Grand Prix du dernier festival de cinéma italien d’Annecy, «Le Quattro Volte» vibre d’une beauté irradiante, procédant d’une recréation qui doit plus à la fiction qu’au strict documentaire, à témoin une bande-son d’une richesse fabuleuse et un sens de l’humour aigu digne de Buster Keaton et Jacques Tati, pas moins!

    de Michelangelo Frammartino
    Italie/Allemagne/Suisse, 2010, 1h28

    à La Chaux-de-Fonds