Le Musée des merveilles

Cinéaste indépendant passionné de cinéma classique et de chanteurs folk rock, l’Américain Todd Haynes impose sa patte d’auteur audacieux et une modernité jubilatoire à chaque fois qu’il s’attaque à un genre, une œuvre ou une personnalité. Réalisateur de «I’m Not There», biographie déguisée de Bob Dylan, et «Carol», mélodrame assumé tiré d’un livre de Patricia Highsmith, Haynes a choisi d’adapter «Wonderstruck» (titre original), un roman jeunesse illustré de Brian Selznick, à l’instar de Martin Scorsese avec «Hugo Cabret», signé du même auteur.

1977, dans une petite maison perdue du Minnesota, le jeune Ben fait des cauchemars et rêve éveillé de sa maman disparue. Suite à un accident qui le rend sourd, Ben part pour New York à la recherche de son père qu’il n’a pas connu et atterrit au musée d’histoire naturelle. D’une façon analogue, en 1927, tandis que l’on installe le parlant dans les salles de cinéma, Rose, une petite fille sourde-muette, arpente la Grosse Pomme afin de retrouver son frère…

Alternant entre ces deux récits et époques, Todd Haynes joue avec les références et hommages au septième art, à Lillian Gish, au cinéma fantastique nordique… Couleur, noir et blanc, muet, sonore, animation, séquences clipesques ou quasi expérimentales, tous les ingrédients sont réunis pour émerveiller le spectateur et aborder avec délicatesse les thèmes de la différence, de l’identité et de l’amitié. On regrette juste que le savoir-faire musico-pictural du réalisateur cinéphile prenne le pas sur la dramaturgie et le rythme.

Wonderstruck
de Todd Haynes
Hongrie, 2017, 1h57