Le Goût de la cerise

Palme d’or 1997 |
de Abbas Kiarostami
avec Homayoun Ershadi, Ahdolrahman Bagheri, Safar Ali Moradi, etc.

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      Autorisé in extremis par la censure islamiste à concourir à Cannes, le nouveau film d’Abbas Kiarostami prouve, si besoin était, combien ce cinéaste iranien est l’un des cinéastes les plus passionnants du moment. Chez lui, tout est dans le dispositif, dans le jeu entre la fiction et la réalité qui met en question le cinéma et ses finalités. Ainsi, ses personnages sont toujours des «créateurs» qui cherchent à manipuler le monde, à transformer le réel à leur image — une sorte de double critique du cinéaste. Dans «Le Goût de la cerise», un homme d’une cinquantaine d’années roule en voiture dans la banlieue de Téhéran cherchant désespérément quelqu’un qui l’accompagne dans son suicide. Pourquoi veut-il se tuer? On n’en saura jamais rien. Cet homme n’est d’ailleurs pas sûr de sa décision; et chaque passant qu’il interroge — qu’il soit kurde, afghan, iranien, turc, militaire ou taxidermiste — lui renvoie d’autres questions qui élargissent peu à peu sa vision du problème (et renforcent la compréhension du spectateur). Peu à peu la tension monte, l’enjeu prend une dimension extraordinaire… la vie, au jour d’aujourd’hui, que ce soit en Iran ou ailleurs, vaut-elle la peine d’être vécue… malgré ou à cause du goût indicible de la cerise?
      TA’M E GUILASS, France / Iran, 1997, couleur, 1h39, programme n°57

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