L’Auberge espagnole

A voir mardi 4 août 2015 à 22h05 sur France 4 |

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Il y a vingt ans le cinéaste français Cédric Klapisch avait inauguré une carrière prometteuse avec «Riens du tout» qui misait tout sur un scénario polyphonique et un va-et-vient joliment orchestré en divers protagonistes officiant dans un grand magasin. Après quatre autres longs-métrages de qualité très inégale – du très réussi «Péril jeune» (1994) au franchement catastrophique «Peut-être» (1999) en passant par les très honorables «Chacun cherche son chat» (1996) et «Un air de famille» (idem) — Klapisch retrouve la forme éclate de son cou d’essai avec cette très réjouissante «Auberge espagnole»…

Etudiant en sciences économiques encore mal dégrossi, Xavier (Romain Duris) vient finir ses études à Barcelone dans le cadre du programme d’échanges européen Erasmus. Ne sachant ou loger, il finit par atterrir dans un appartement habité par sept étudiants de nationalités différentes – qui, on l’aura deviné, sera «l’auberge espagnole» promise par le titre du film.

Du quotidien vécu par ce groupe assez hétéroclite, Klapisch tire matière à une poignée de mini-fictions qu’il entrelace avec un réel talent et une liberté de ton aussi souveraine que frondeuse. Ce faisant, il donne au spectateur la sensation jouissive du vivant, de l’aléatoire – nous sommes très loin du charme empesé d’«Amélie Poulain»! Sous le nez d’un personnage principal volontairement fade, le cinéaste ordonne (mais sans trop se soucier de leur ordonnance, d’où le charme…) des événements souvent très burlesques, sans véritable enjeu dramatique, pour le plaisir! En résulte une belle vitalité qui littéralement ne regarde pas à la dépense…

Une scène comme celle de la cuite collective tire toute sa réussite de la volonté de Klapisch de ne jamais en tirer parti, de la laisser se développer sans penser à la suite. Partant le gag, qui par essence est, sur le plan purement dramatique, non productif (et tant pis pour Tonton Aristote), peut réellement exister pour lui-même – depuis Jacques Tati, presque aucun cinéaste ne se risque à un tel exercice, exception faite du Géorgien Iosselliani («Lundi matin»).

de Cédric Klapisch
France, 2001, 2h