L’Ame sœur

de Fredi M. Murer |
avec Thomas Nock, Johanna Lier, Dorothea Moritz, etc.

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    Le Suisse Fredi M. Murer entendait au départ tourner «Höhenfeuer» («L’Ame sœur» dans sa version française) en Islande. Une terre lisse, glacée, sur laquelle le réalisateur entendait raconter cette histoire de famille, ce huis-clos de légende. Pour des raisons financières, Murer a dû finalement tourner le film en Suisse, dans une haute vallée uranaise, sur le flanc de la montagne: dans sa verticalité, le film y a sans doute gagné une symbolique supplémentaire, celle de la hiérarchie familiale. En haut, il y a le père, un de ces «irascibles» paysans qui perpétuent des modes de culture et d’élevage traditionnels. Il vit dans sa ferme isolée avec sa femme, qui lui obéit en tout, sa fille Belli et son fils sourd-muet, surnommé le «bouèbe». C’est alors au fil de la pente, entre les rochers du sommet, où le fils aime à se réfugier, et la plaine, où la fille retrouve parfois le monde moderne, qu’il faut voir le drame s’installer: celui de l’inceste entre l’adolescent et la jeune femme. Très différents, Belli et le Bouèbe se rejoignent dans l’amour comme pour se battre contre la montagne de leur origine, comme pour conjurer le poids d’une éducation trop traditionnelle, patriarcale, où les pulsions sexuelles doivent être sublimées en cassant des cailloux… Les thèmes du conflit entre père et fils, de la fuite, de la réalisation de soi, l’évocation d’une vie archaïque sont traités par Murer à la manière d’une légende qui vire à la tragédie, d’une portée qui dépasse le simple cadre ethnographique et qui mérite bien que l’on considère «Höhenfeuer» comme l’un des meilleurs films jamais réalisés dans ce pays.

    HOEHENFEUER, Suisse, 1985, couleur, 2h; programme n°28