La stanza del figlio

de Nanni Moretti |
avec Nanni Moretti, Laura Morante, Jasmine Trinca, Silvio Orlando, etc.


Après avoir abandonné son alter ego Michele Apicella comme sujet de ses films, Nanni Moretti s’est filmé à la première personne avec “Journal intime” et “Aprile”, deux films où le cinéaste, exploitant sa situation de jeune père, racontait la fiction de sa vie. Au jour d’aujourd’hui, le réalisateur italien opère un nouveau bouleversement: il n’est plus que l’acteur d’un rôle — Giovanni, un psychanalyste d’Ancône, heureux époux de Paola (Laura Morante) et père de deux beaux enfants (Irene et Andrea) — et l’auteur d’une “vraie” fiction: comment une famille réagit lorsque l’un de ses membres meurt, subitement. Pour son premier film franchement grave, Moretti réussit un beau pari. Celui d’une fiction dépouillée, minimale, qui se nourrit sans cesse des histoires des autres, celles des patients qui se succèdent sur le divan du psy. Minimal dans ses actions, “La stanza del figlio” (“La chambre du fils”) est avant tout un film de réactions d’individus confrontés de façon authentique à une situation anormale, indicible, insupportable. Moretti filme avec une impressionnante justesse ses personnages en leur conférant une humanité exceptionnelle. Rien d’étonnant, dès lors, que ce film ait attiré un énorme public dans les salles italiennes et reçu le “Donatello” du meilleur film de l’année — en attendant, qui sait, une autre récompense…
LA CHAMBRE DU FILS, 2001, Italie, couleur, 1h27; programme n°94