La nuit nous appartient

A voir mercredi 29 mars 2017 à 22h50 sur France 4 |

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Jeune réalisateur prodige, James Gray a d’emblée épaté son monde avec «Little Odessa» (1994), thriller distancié qui mettait en scène un tueur à gages pris au piège de ses origines. Echec public mais succès critique indéniable, «The Yards» (2000) décrivait de façon flamboyante la descente aux enfers d’un ex-taulard qui pensait à tort se payer une conduite en œuvrant pour sa famille.

Sept ans plus tard, grâce au soutien de l’acteur Joaquin Phoenix, qui a produit «La Nuit nous appartient» et en joue le rôle principal, Gray déroute magistralement le spectateur. En lui-même, le titre est déjà ambivalent, puisqu’il s’agit (aussi) de la devise de la police de New York… Vers la fin des années 80, Bobby Green (J. Phoenix) gère une boîte de nuit très en vogue appartenant à un vieux Russe qui a fait fortune dans le commerce de fourrures. Pour en arriver là, Bobby a soigneusement caché à son entourage qu’il est en fait le fils rejeté d’un chef respecté de la police (Robert Duvall) et que son frère (Mark Wahlberg) travaille chez les stups. En ménage avec une call-girl portoricaine (Eva Mendes), Bobby mène une existence jouissive, très éloignée de l’austérité malheureuse qui prévaut dans sa famille. La donne change complètement le jour où son frère lui demande de l’aider à confondre un dealer russe qui fréquente son dancing.

N’en disons pas plus, sinon que cette demande va déclencher une série de réactions en chaîne dramatiques… Tout comme dans «The Yards», l’image fait systématiquement mentir les propos que tiennent les protagonistes. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit nullement d’une apologie de la police, mais bien d’un constat désespérant de la puissance mortifère des liens du sang. Au risque de désarçonner le spectateur, Gray va jusqu’au bout de sa démonstration, en nous infligeant un faux happy end absolument glaçant qui, en quelque sorte, enterre vivant son personnage. Le dernier mot prononcé dans ce film très inconfortable est amen!

We Own the Night
de James Gray
Etats-Unis, 2007, 1h54