La Fille coupée en deux

de Claude Chabrol
avec Ludivine Sagnier, François Berléand, Benoît Magimel, Mathilda May, etc.


Cofondateur de la Nouvelle Vague avec «Le beau Serge» (1959), Claude Chabrol a réalisé depuis lors une soixantaine de films où il excelle à gratter le vernis d’urbanité de nos existences en apparence si policées. Dans ses précis de décomposition, il revient souvent à une femme l’honneur et le courage d’inoculer dans ces vies hypocritement rangées le poison irrémédiable de la passion. Au fil de son abondante filmographie, le réalisateur très roué de «Madame Bovary» (1991) nous a ainsi gratifié de figures féminines inoubliables qui ont permis à des actrices d’exception de donner souvent le meilleur d’elles-mêmes. Songeons seulement à Stéphane Audran («La femme infidèle», 1969), Isabelle Huppert («Violette Nozière», 1978), Marie Trintignant («Betty», 1992) ou Sandrine Bonnaire («La cérémonie», 1995).

S’inspirant d’un fait divers tragique dont le cinéaste américain Richard Fleischer avait déjà tiré un film très intéressant en 1955 avec «La fille sur la balançoire», Chabrol, secondé par sa fille, enrichit encore sa galerie d’héroïnes ineffables et d’actrices époustouflantes… Présentatrice météo sur une chaîne de télévision de l’agglomération lyonnaise, Gabrielle (Ludivigne Sagnier) veut naïvement réussir dans la vie. Elle s’éprend d’un écrivain libertin à succès (François Berléand), mais épouse un jeune homme fortuné très déséquilibré (Benoît Magimel)… Avec ce sens de la cruauté, qui en fait parfois un très grand cinéaste, Chabrol filme en entomologiste confirmé une variation inédite du thème de l’innocence trahie, signant à septante-sept ans passés l’un de ses meilleurs films.
2006, France, couleur, 1h55, programme n°144