La Dernière Tentation du Christ

de Martin Scorsese |
avec Willem Dafoe, Harvey Keitel, Barbara Hershey, Verna Bloom, David Bowie, John Lurie, Harry Dean Stanton, etc.

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En apparence, Martin Scorsese s’est toujours passionné pour la figure du Christ, alliant à ses oeuvres modernes de véritables allégories de chemins de croix. Comme dans Raging Bull ou Taxi Driver, les êtres humains portent sur eux les stigmates de leur combat intérieur, entre la «foi» qui les transporte, qui les pousse, et la «chair» qui les trahit, leur propose les traverses de la fuite. Mais La dernière tentation du Christ, que Scorsese aura mis près de 8 ans à pouvoir tourner, démontre que le cinéaste s’intéresse moins à la «figure du Christ» qu’à la dualité de l’être humain, à l’incompréhension (et à l’impossible réconciliation) entre l’homme et son Dieu. Le film s’ouvre ainsi sur un homme qui souffre, en proie aux doutes de sa conscience. Puis cet homme, le charpentier Jésus de Nazareth, marche dans la foule en portant une croix destinée au supplice d’un ennemi de Rome. Ce Golgotha mé¬taphorique qu’il gravit, non pas (encore) en martyr mais en collaborateur de l’Empire, démontre combien Jésus est , à ce moment, inconscient de son destin. Le Jésus de Scorsese va devenir aussi une «star» politique, un homme de spectacle qui sait haranguer les foules; un homme «médiatisé», dont l’image est peu à peu transformée et récu¬pérée, dont les propos sont interprétés par le prophète Saul/Paul (Harry Dean Stanton); un homme déchiré par un destin qui le dépasse, entre un Bien et un Mal aux frontières indéfinies, qui choisira enfin de «mourir pour les hommes» sans être forcément Dieu pour autant.
THE LAST TEMPTATION OF CHRIST , Etats-Unis, 1988, couleur, 2h44; programme n°44