«Juste la fin du monde»

A voir en DVD!

Révélé à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2009 avec «J’ai tué ma mère», Xavier Dolan enchaine les réussites avec un talent qui ne laisse pas d’étonner. Après «Les amours imaginaires», fabuleuse romance pop de la jeunesse, le réalisateur québécois a réussi «Laurence Anyways», un chef-d’œuvre libertaire sur la transsexualité, puis «Tom à la ferme», un thriller psychologique vénéneux sur le poids de l’intolérance. Lauréat du Prix du Jury à Cannes en 2014 pour «Mommy», l’histoire d’une veuve en déconfiture et de son fils adolescent hyperactif déscolarisé, le cinéaste de 27 ans a reçu cette année le Grand Prix à Cannes pour «Juste la fin du monde», à défaut de la Palme…

Adapté de la pièce de théâtre homonyme de Jean-Luc Lagarce, metteur en scène mort du sida à l’âge de 38 ans, l’intrigue du nouveau film de Dolan tient en une phrase: Louis (Gaspard Ulliel), un jeune auteur, retourne dans sa famille pour déjeuner avec les siens, qu’il n’a pas vus depuis douze ans, et leur annoncer qu’il ne reviendra plus… Agissant comme un événement cathartique, ce retour révèle un tissu relationnel dysfonctionnel, meurtri par l’absence du père, les désillusions de la mère (Nathalie Baye), la jalousie de l’aîné (Vincent Cassel), le manque affectif de la cadette (Léa Seydoux) ou l’effacement de la belle-sœur (Marion Cotillard).

Joué par cinq interprètes irréprochables, filmés en plans rapprochés qui les séparent continuellement les uns des autres, ce huis clos frappe avant tout par la singularité universelle de la langue empruntée à Jean-Luc Lagarce. Grâce à la mise en scène sophistiquée de Dolan, les mots s’envolent et résonnent à travers les gestes, les regards, les flashbacks et des séquences-clips à la lisière de l’expérimental, emmenées par des morceaux de Moby, Grimes ou Camille, exprimant de façon éblouissante les non-dits qui tourmentent les personnages… Une chronique familiale qui confirme la maturité artistique de Xavier Dolan!

diaphana