Journal d’une femme de chambre

A voir dimanche matin à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds |

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Apparu dans le reflux désillusionné de la Nouvelle Vague, le Français Benoît Jacquot a débuté sa carrière en 1975 avec «L’Assassin musicien». Après «Trois cœurs» (2014), il retrouve pour «Journal d’une femme de chambre» Léa Seydoux, à laquelle il avait déjà confié le rôle principal des «Adieux à la reine» (2011), dans une adaptation d’Octave Mirbeau où il glisse des parallèles avec aujourd’hui. Paru en 1900, le roman de Mirbeau fit sensation en décrivant la condition des domestiques comme «une forme d’esclavage moderne». Après Jean Renoir en 1946 et Luis Buñuel en 1964, Jacquot s’en empare à son tour, mais en vouant au texte d’origine une fidélité dont n’avaient pas fait preuve ses deux glorieux prédécesseurs.

Célestine est jugée comme une employée instable et arrogante, parce qu’elle ne passe pas tous leurs caprices à ses patrons libidineux, qui considèrent souvent les jeunes femmes de sa condition comme des travailleuses du sexe à domicile. Placée en Normandie chez les Lanlaire, elle va aller «du pire au pire», dès lors qu’elle ne peut faire autrement… Expert du film à costumes offrant un reflet véridique des vicissitudes d’une époque, Jacquot a confié le rôle de Célestine à Léa Seydoux, qui lui insuffle toute l’énergie de sa jeunesse. Pleine de charisme, son interprétation confère à ce film remarquable une résonance très contemporaine! Il est vrai que la violence symbolique réglant les rapports sociaux n’est de loin pas une affaire réglée, qui appartiendrait à un passé révolu.

de Benoît Jacquot
France/Belgique, 2015, 1h35