It Must Be Heaven

Avec ses airs de Buster Keaton palestinien, Elia Suleiman est l’un des plus grands auteurs comiques contemporains. Né en 1960 à Nazareth, il a grandi dans le non-sens: affublé du qualificatif «arabe israélien» («palestinien» était un mot interdit), il a passé sa rage en tapant sur une batterie dans un groupe de heavy metal, avant de devenir cinéaste. Après «Chronique d’une disparition» (1996), «Intervention divine» (2002) et «Le temps qu’il reste» (2009), il récidive aujourd’hui à sa manière de clown triste et subversif dans «It Must Be Heaven».

Les yeux toujours écarquillés et coiffé d’un petit chapeau, Suleiman s’envole de Nazareth vers Paris ou New York, afin de trouver des financements pour tourner une comédie sur le conflit israélo-palestinien. Mais sa quête n’aboutit jamais. Où qu’il aille, il butte sur une scène débordant de violence larvée et d’absurdité. Procédant par saynètes piquetées de gags récurrents, il apparaît toujours en jouant le rôle de celui qui hausse les sourcils mais ne sait quoi dire: un silence réprobateur en guise de dernier recours face à l’intolérable.

de Elia Suleiman
Qatar/Allemagne/Canada/Turquie/Palestine, 2019, 1h42