Il Divo

Cannes 08, Prix du Jury
de Paolo Sorrentino
avec Toni Servillo, Anna Bonaiuto, Gulio Bosetti, Flavio Bucci, etc.



Primé à Cannes, le quatrième long-métrage du cinéaste italien Paolo Sorrentino est un biopic au vitriol sur le politicien Giulio Andreotti. Sept fois président du conseil et vingt-et-une fois ministre, «L’Inoxydable», comme l’ont entre autres surnommé les journalistes, a été durant cinq décennies le grand marionnettiste de la scène politique italienne. Sénateur à vie depuis 1991, sans doute manipule-t-il encore les hommes actuellement au pouvoir, étant donné qu’ils sont tous ou presque sortis de son sérail! Dans son portrait à charge, Sorrentino n’y va pas de main morte, désignant Andreotti comme le grand responsable du «casino» que connaît l’Italie aujourd’hui. Artisan discret de collusions mortifères entre l’Etat, la Mafia et le Vatican, «Le Sphinx» a bâti sa carrière sur la conviction «qu’un homme de principes était condamné au ridicule». Deus ex machina opérant depuis la coulisse, Andreotti s’est parfaitement identifié à son personnage de tireur de ficelles, au point d’en devenir lui-même… ridicule! Avec le concours de l’acteur Toni Servillo, qui donne à son personnage un air de Nosferatu, le réalisateur met en scène ses jeux de pouvoir à la manière d’un opéra grotesque dont Alfred Jarry («Ubu-roi») aurait écrit le livret. A ce qu’on raconte, Andreotti serait sorti furieux de la projection du film (visible aussi à Neuchâtel sans doute dès le 31 décembre).
Italie / France, 2008, couleur, 1h40, programme n°153