Hyènes

de Djibril Diop Mambéty |
avec Ami Diakhate, Mansour Diof, Djibril Diop Mambéty, Calgou Fall, etc.

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      Un griot annonce le retour à Colobane de Linguère Ramatou, après trente ans d’absence. A 17 ans, celle qui était la plus belle femme de la petite cité avait eu un enfant de Draman Drameh, aujourd’hui patron du bistrot et épicier; mais celui-ci, préférant l’argent à son amour, l’avait trahie pour épouser la fille la plus riche de la ville, soudoyant deux témoins qui affirmèrent avoir couché avec elle… Linguère avait fui, misérable, sous les ricanements de tous. Pour préparer son retour, les notables de Colobane se réunissent au Trou des Hyènes… elle est richissime, dit-on, plus riche même que la Banque Mondiale; elle pourra donc tirer le village de la misère dans laquelle il est plongé. Devant la population venue l’accueillir, Linguère Ramatou descend du train, exhibant les prothèses en or de sa jambe et de son bras, accompagnée de Gaana, l’ancien Juge de Colobane, devenu l’un de ses nombreux serviteurs. Lors d’un banquet offert en son honneur, Ramatou annonce à la foule qu’elle est prête à offrir 100 milliards à Colobane, à condition que le tribunal condamne Draman Drameh à mort pour que Justice soit faite. Les notables de la cité s’indignent et refusent. Mais il est dur de résister lorsqu’on est pauvre. Ramatou donne des appareils électro-ménagers — frigos, ventilateurs, télévisions — , organise des fêtes et des feux d’artifice. Peu à peu, la population se révolte contre Draman, achète tout à crédit et le ruine. Draman tente de faire pardonner sa faute par l’inflexible Ramatou. Puis il essaie de fuir, sans succès. Résigné, il accepte d’être exécuté par les mêmes notables qui étaient ses amis, sous le regard des rapaces et des hyènes.
      «Hyènes» est une adaptation de La visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt. La vieille Linguère Ramatou porte le nom de l’oiseau sacré d’une légende pharaonique que l’on ne tue pas impunément, car il est l’âme des morts. Pour Djibril Diop Mambéty, «c’est une femme blessée qui revient chez elle en déclarant “le monde a fait de moi une putain, je ferai du monde un bordel”».

      Sénégal, 1992, 1h50; programme n°22