Hostiles

Par le biais du western, les Etats-Unis d’Amérique ont légitimé pendant des décennies la violence fondatrice de «l’Union», au prix de gros arrangements avec la vérité historique, s’inventant un véritable mythe sur pellicule. «Trahi» par des films critiques au cours des années 1960 et 1970, ce genre cinématographique a aujourd’hui presque disparu, hormis quelques résurgences qui ont pour point commun de gratter encore un peu plus le vernis déjà bien craquelé de la légende.

Réalisé par Scott Cooper, acteur virginien reconverti dans la mise en scène, «Hostiles» participe de ce type de résurrection épisodique. Nous sommes en 1892, les Etats-Unis sont désormais «pacifiés», suite au génocide que l’on sait. En poste au Nouveau-Mexique, le capitaine Joseph Blocker (Christian Bale) se morfond dans un fort où est enfermée une poignée de guerriers apaches.

Blocker appartient à l’ancienne génération, celle des officiers qui considèrent qu’un bon Indien est un Indien mort. Pour lui signifier son obsolescence, son supérieur lui confie la mission de ramener Yellow Hawk (interprété par l’acteur cherokee Wes Study), un vieux chef cheyenne à l’agonie, au Montana, la terre de ses ancêtres. Même s’il goûte peu l’idée de ce voyage qu’il juge politisé, Blocker, en bon soldat, obéit. Cheminant dans les grands espaces, le Blanc acariâtre et l’Indien épuisé vont apprendre à se connaître… Malgré un côté parfois trop exemplaire, ce post-western ne manque pas d’une certaine grandeur.

de Scott Cooper
Etats-Unis, 2017, 2h14