Hit the Road

Road-movie sillonnant des paysages admirables, tragicomédie où rires et larmes s’entremêlent sans cesse, film de résistance dont les non-dits font moult pieds de nez à la censure… «Hit the Road» ne laisse pas d’impressionner! Son auteur, Panah Panahi, a de qui tenir, car il est le fils de Jafar Panahi, l’un des plus grands cinéastes de l’histoire récente du cinéma iranien. Condamné en 2010 à vingt ans d’interdiction de travail pour délit d’opinion, Panahi père persiste à tourner dans la clandestinité des films indispensables, souvent avec la complicité active de son fils («Ceci n’est pas un film», «Taxi Téhéran», «Trois visages»). Avec son premier long-métrage, Panah Panahi s’inscrit certes dans son sillage rebelle, mais en traçant sa voie de façon très personnelle.

Parti tourner dans les confins désertiques du Nord de l’Iran, en prétextant un reportage à but touristique, cet ancien photographe de plateau retrace le voyage en voiture d’une famille émotionnellement survoltée par un enjeu mystérieux. Au fil des kilomètres, la tension va en augmentant. A demi-mots, à cause de la peur d’être suivi, l’on comprend qu’il s’agit d’un exode… Mais le film ne se départira pas de son secret, histoire de nous faire ressentir de l’intérieur l’emprise obscure de l’oppression et de la surveillance. Partant, il faut absolument voir cette œuvre dissidente dont son réalisateur dit qu’elle ne sera hélas jamais montrée en Iran, sinon sous le manteau.

de Panah Panahi
JADDE KHAKI, Iran, 2021, couleur, 1h33