Happy End

Cannes 2017, en compétition
de Michael Haneke
avec Fantine Harduin, Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, Mathieu Kassovitz, etc.

Auréolé de deux Palmes d’or successives («Le Ruban blanc» et «Amour»), Michael Haneke a choisi une famille bourgeoise de Calais, ville hantée par les migrants, pour y insinuer le malaise et nous renvoyer à nous-mêmes. Qui plus est avec un brin d’humour, denrée plutôt rare chez ce cinéaste autrichien! Suite à l’hospitalisation de sa mère, Eve, 13 ans (Fantine Harduin), retourne vivre à Calais dans la famille de son père Thomas (Mathieu Kassovitz). Débarquée dans une somptueuse maison de maître où officient une servante marocaine et son mari, la jeune fille retrouve sa tante Anne (Isabelle Huppert), mère d’un fils à papa et directrice glaciale d’une grande entreprise du bâtiment. Elle renoue aussi avec son grand-père Georges (Jean-Louis Trintignant), patriarche sur le déclin…

A la faveur d’une narration elliptique qui joue très habilement sur le hors-champ et les regards subjectifs, Haneke construit pièce par pièce un puzzle fascinant. Par l’intermédiaire de sa jeune protagoniste, il nous introduit au cœur d’une famille dysfonctionnelle et névrosée, où chaque membre révèle, par petites touches, ses obsessions les plus sombres. Aussi noire que dérangeante, la comédie résonne tour à tour avec la propre filmographie du cinéaste et ses thèmes récurrents: le pouvoir, la violence infantile, la marginalité, la destruction des normes et la mort… Du grand art!

France / Autriche / Allemagne, 2017, couleur, 1h47, programme n°215