Le Grand Méchant Renard et autres contes

Adaptant sa propre bande dessinée parue aux Editions Delcourt en 2015, le cinéaste d’animation français Benjamin Renner signe avec «Le grand méchant renard et autres contes» un deuxième long-métrage dans la veine de son merveilleux «Ernest et Célestine» et de son sublime dessin au trait et à l’aquarelle.

Sur la scène d’un théâtre, un renard se pointe devant un rideau rouge pour annoncer une représentation en trois actes. Et le rideau de s’ouvrir sur un petit domaine agricole où s’égayent différents animaux, dont un petit cochon très responsable, un canard aussi hâbleur que râleur et un lapin plutôt fantasque. Survient une cigogne qui va simuler un accident de vol pour refiler sa «mission de livraison» à nos trois compères bien empruntés…

A cette épopée postale truffée de gags poétiques succède un second conte qui a donné une partie de son titre au film, un sommet du genre, qui voit un renard lassé du végétarisme forcé de voler trois œufs à une poule très vindicative. Sur le conseil d’un loup, il les fait éclore, élève les petits poussins le temps qu’ils deviennent assez appétissants pour les croquer. Las, l’inné et l’acquis chers à Konrad Lorenz s’en mêlent et vont un brin contrarier le festin prévu. Plus classique, mais très enlevé, le troisième acte s’efforce de sauvegarder envers et contre tout le mythe du Père Noël…

Avec grâce et légèreté, Renner décrasse ici les vieilles fables anthropomorphes d’antan. N’en déplaise à Esope, Pindare, La Fontaine et autre Marcel Aymé, sa relecture malicieuse hume l’air du temps, faisant allégrement la nique aux clivages identitaires et aux rigidités sociétales qui imposent fonctions et rôles. Courez-y en famille, vos enfants vous en seront très reconnaissants!

de Benjamin Renner et Patrick Imbert
France, 2017, 1h23