Gimme Danger

Avec «Gimme Danger», le trop rare Jim Jarmusch nous propose un documentaire pour le moins intense sur l’histoire convulsive d’Iggy & The Stooges, qui débuta par un concert donné en 1967, la nuit d’Halloween. Intitulé en référence à l’une des chansons-cultes du groupe, ce documentaire rock scande une épopée sonique unique en son genre, qui eut le don de faner sur pied le Flower Power, tout en labourant profond la future friche du mouvement punk.

Dans un lieu tenu secret, mais que l’on imagine très bien être la caravane déglinguée où Iggy Pop, alias James Newel Osterberg Jr., passa son enfance, le cinéaste new-yorkais s’entretient avec celui que l’on a surnommé «l’Iguane» en raison de ses mouvements de torse très singuliers. Ce désormais presque septuagénaire retrace les grandes étapes de la carrière de son combo fondé dans la banlieue de Détroit et qu’un critique musical, qui avait le sens de l’image, compara à «une coulée de lave en fusion».

Cinq ans plus jeune que son interlocuteur, Jarmusch a la sagesse de s’effacer devant lui, histoire de mettre en lumière la lucidité acérée avec laquelle cette bête de scène étête son passé, jamais dupe du mythe éruptif qu’il a endossé jusqu’à l’épuisement. Avec un sens du montage éprouvé, le cinéaste émaille ses propos d’extraits de concerts foldingues, remédiant à l’absence de certaines archives par des emprunts drolatiques à des dessins animés, sans oublier le fameux clown télévisuel Clarabell, dont Iggy Popp se serait inspiré pour son jeu de scène.

de Jim Jarmusch
Etats-Unis, 2017, 1h48