Gilbert Grape

de Lasse Hallström |
avec Johnny Depp, Juliette Lewis, Leonardo DiCaprio, Darlene Cates, Laura Harrington, etc.


Comme l’ont fait au temps du Muet ses compatriotes Stiller et Sjöström (au temps où le cinéma scandinave était l’un des plus audacieux du monde), Lasse Hallström, après le succès de «Ma vie de chien» (1985) cède aux sirènes hollywoodiennes et s’en vient travailler dans l’«Usine à rêves». Son premier film américain déconcerte ses commanditaires, mais ravit tous ceux qui avaient adoré «Ma vie de chien»… «Gilbert Grape» («What’s Eating Gilbert Grape») constitue une vraie réussite qui exploite avec beaucoup d’intelligence l’image «pin-up» liée aux débuts du «beau» Johnny Depp… Contraint d’assumer le rôle de chef de famille depuis le suicide de son père, le très sémillant Gilbert Grape (Depp) doit continuellement veiller sur son frère Arnie (Leonardo DiCaprio dans l’un de ses premiers rôles) mentalement très diminué et sa pauvre mère, une ancienne reine de beauté devenue obèse. Coincé à Eudora, petite bourgade de 1091 âmes perdue au fin fond de l’Iowa, Gilbert Grape, séducteur patenté, ronge son frein, rêve d’une autre vie. Jusqu’au jour où une certaine Becky (Juliette Lewis, elle aussi à ses débuts) débarque à Eudora… Faire jouer à Depp (qui est alors devenu une vedette internationalement connue) le rôle d’un «provincial» rêvant d’un ailleurs plus «glamour» donne une suite inattendue le détournement initié par Waters avec «Cry-Baby». Depuis «Gilbert Grape», les carrières respectives de Depp et de DiCaprio ont pris des tournures radicalement différentes — DiCaprio étant devenu un nouvel avatar de la figure du «jeune premier». Contempler Depp freiné dans ses projets par un DiCaprio mentalement diminué ne manque vraiment pas de sel !
WHAT’S EATING GILBERT GRAPE, Etats-Unis, 1993, couleur, 1h58, programme n°83